Les cuisines de la finance

Les banques européennes ont utilisé les liquidités de la BCE pour acheter en masse des titres souverains émis par leurs pays. Leurs portefeuilles en regorgent, qui contiennent 1.600 milliards de ces titres. La part de la dette souveraine dans les portefeuilles des banques varie fortement d’un pays à l’autre: elle se situe entre 5% et 10% de l’encours total de crédit au secteur privé en Allemagne et en France, elle avoisine 20% en Espagne et au Portugal et elle approche 50% dans certains pays d’Europe centrale et orientale.

L’abécédaire d’une relance rebelle

Ils n’ont pas fini d’égrener les lettres de l’alphabet. Le « K » a désormais la faveur des analystes pour imager le processus de relance en cours. Une constatation s’impose : elle est inégale, certains secteurs économiques sont sinistrés, d’autres caracolent. D’un côté l’aéronautique, l’industrie automobile, la restauration et l’hébergement, l’évènementiel, de l’autre les nouvelles activités de l’économie numérique.

Keynes à toutes les sauces gâtées

Jean Castex se prévaut d’un étrange « keynésianisme de l’offre » dont on ne sait trop où il va le chercher. Tandis que la tentation est grande de voir dans l’évolution de la politique financière allemande un tournant  « conceptuel ». Les dirigeants seraient-ils devenus des keynésiens comme l’affirme la correspondante du Monde à Berlin, Cécile Boutelet ? Ou bien plus simplement, le même pragmatisme que celui qui anima les dirigeants américains lors du précédent accès de crise aigüe, il y a une dizaine d’années, n’en est-il pas plutôt à son origine ?

Sortie de route du modèle de financement des entreprises

C’est entendu, les vieux ratios de la dette comparée au PIB sont dépassés, le pacte européen est dans les faits balayé. « Le risque d’affaissement économique est beaucoup plus important que celui de la dette » expliquent Philippe Martin, Jean Pisani-Ferry et Xavier Ragot qui agissent en éclaireurs sans entrer dans le débat sur comment se débarrasser de celle-ci, se réservant surement pour plus tard.

Ces cadeaux qui entretiennent l’amitié

Afin de ne pas en rajouter et d’éviter la contagion, les acteurs de la finance sont l’objet de toutes les attentions. Les banques sont toujours les enfants chéries en raison du rôle qui leur est assigné dans la relance et l’activité économique en général. Cela commence par de la mansuétude, des régulateurs qui détournent le regard, et cela se poursuit par des modifications et les reports des réformes prudentielles. Sans parler du taux cadeau des banques centrales qui les arrosent d’abondantes liquidités.

Pas une seconde d’inattention ne leur est accordée

Haut-lieu du système financier, les fonds monétaires sont surveillés de près par les banques centrales, car ce sont de grands sensibles. Au mois de mars dernier, une crise les a sérieusement secoué, conduisant la Fed à intervenir en leur fournissant toute la liquidité dont ils avaient besoin. On a depuis appris que la BCE avait fait de même sur leur marché européen, qui pèse 1.200 milliards d’euros, mais cela avait été alors moins relevé.